L'injure

      

Contributeur régulier (et indispensable) de la revue, Yan Kouton figure au sommaire du Cafard hérétique n° 15 avec 

L’injure (p. 31)

Abyme (p. 32)

Feu (p. 33)

Futurisme (p. 34)

Futurisme 2 (p. 35)

L’ancien (p. 36)

Édifier (p. 37)

Saut (p. 38)

Guerre froide (p. 39)

Déroger (p. 40)



Découvrez une autre facette du talent de Yan avec cette vidéo (Paréidolie)


Et ce qu’en dit la critique

L'écrivain brestois Yan Kouton épaulé de l'orléanais Olivier Triboulois évadé pour un temps de son groupe A L'Abri De La Tempête construit une structure poétique mouvante faite de spoken word, de fragilité et d'une beauté limpide. 

Aux sceptiques, aux fermés au progrés, à ceux qui disent que des réseaux sociaux ne naît qu'un recul démocratique, que de tels endroits ne parvient qu'une apologie de l'insulte anonyme, ce type de disque comme ce Projet YK/OT, symbiose des obsessions de l'écrivain brestois Yan Kouton et du musicien et compositeur Olivier Triboulois donne le plus beau des démentis. Car les réseaux sociaux peuvent être aussi un lieu propice d'échanges, de créations et de créativités. 

Yan Kouton n'en est pas à son premier coup d'essai dans le monde de la musique, on connaît bien sûr sa belle plume de critique musical pour des webzines amis mais aussi son travail de parolier pour son ami Gu's Musics sur les deux superbes disques sur lesquels les deux ont collaboré. Cela faisait longtemps que, pour ceux qui s'intéressent aux travaux du brestois, il semblait évident que dans son rapport à la prosodie, dans son rythme des mots, il y avait une fusion possible avec le son et la matière musicale. Là où Yan Kouton fait part d'une belle part d'intelligence, c'est qu'il choisit une voie tangente. Il se sait non-chanteur et il préfère privilégier un angle spoken word qui n'en rend que plus sensible le tremblement de sa voix, l'hésitation fuyante qui semble peser l'importance des mots. Accompagnés des mélodies aériennes d'Olivier Triboulois, les mots deviennent mélodiques et le chanter-parler de Yan Kouton s'affirme dans une androgynie et une sécheresse, dans une douleur sourde, dans une fugue de la conscience. Imaginez la rencontre entre le Pascal Bouaziz des premiers Mendelson et le Christophe vibrant (que les deux reprennent d'ailleurs le temps des Paradis Perdus). 

Et puis il y a cette musique électronique, froide et martiale comme échappé d'un disque de Coil. Yan Kouton nous sussure dans le creux de l'oreille, ce désespoir aviné et nocturne si brestois, cette déglingue létale. Yan Kouton a encore autre chose en commun avec Pascal Bouaziz, c'est cette dilatation du langage, ce jeu avec la durée, cette lente désagrégation de la réalité, cette usure nécessaire pour atteindre un autre espace. 

Il y a dans cette écriture cette profonde dérive, de celle que l'on entend dans la discographie de la seconde période de Mark Kozelek avec ou sans Sun Kil Moon, cette nécessité de s'approcher de l'ennui et de la torpeur, cette durée qui s'impose. 

Il y a aussi un peu du désespoir rance des productions Lithium, du Bertrand Betsch, du Programme et du Arnaud Michniak, des déambulations citadines ni chagrines ni anodines, à l'âpreté assumée, à la frontalité jamais esquivée. Un désespoir mature et absolu qui accepte parfois quelques répits bienvenus.

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