Au sommaire du premier hors-série de ce printemps 2017.
«
J'ai horreur de tous les métiers. Maitres et ouvriers, tous paysans,
ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. -Quel siècle à
mains!- Je n'aurai jamais ma main. Les criminels me dégoutent comme
des châtrés : moi, je suis intact, et ça m'est égal. »
C’est
de cette abstruse façon que j’ai rencontré
Jean-Pierre de Sélys.
Sur
son passé, ses études, nul besoin de s’éterniser. On sait qu’il
a terminé des études en 1987 en Belgique, son pays natal, dans une
académie des beaux-arts. Après, par bribes, il touche à tout. Et
un peu de trop près au monde de la pub, terreau malfaisant d’un
capitalisme débridé où germe tout son rejet. Dans les années 90,
il crée sa première boite de communication : Motus
Publicité, tout un programme, beau paradoxe ! Même s’il ne
semble pas, en apparence, comprendre tous les rouages de la machine,
c’est de cette douloureuse expérience que lui vient pourtant son
terrassant regard sur le monde « ex abrupto ».
En
1996, il quitte tout et part pour Montréal. Il n’a pas fini
d’observer « l’ennemi » et installe une nouvelle boîte de
communication, Saké
Communication. C’est là que fermentent toutes ses idées.
Dans un bureau, dans une ancienne usine, il observe le plancher
séculaire, la rouille des chancres industriels, la souffrance des
ouvriers morts, l’odeur de la mélancolie… C'est là aussi qu’il
commence à dire "non" de façon réfléchie, construite,
il se solidifie dans son refus du monde qui l’entoure, qu’il crée
son propre style, dans sa façon de balancer des vidéos et des
peintures sublimes, poignantes, décalées, justes. Qui permet à
tout ce qu’il touche : le dessin, l'oralité, la spontanéité,
cette forme très particulière qu’il a d'embrasser une culture
excentrique et pointue, de devenir quelque chose de fort. Juste comme
son physique, son parler, ses airs, sa séduction… Méfiant, obtus,
sans moi il persisterait à n'en pas parler, sa bio, s’il devait la
faire lui-même, serait alors cette chose morne et déplumée que
nous découvririons, ahuris.
Jan
Du Fné, chroniqueur au "Standard Poors und You".
Son
site : http://jpdeselys.weebly.com
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